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De la culture à la solidarité... et réciproquement

Tout peut partir de la culture. Si l’on se réfère à la définition qu’en donnait Paul Eluard et que je rappelle en substance :
« La culture c’est ce qui permet à chaque Homme de connaître (percevoir, comprendre) ce qui le relie à tous les autres Hommes. »
Cette définition se déploie donc dans une triple dimension :
­Une dimension historique, les autres Hommes étant à la fois ceux du temps passé, du temps présent et ceux du temps à venir.
­Une dimension d’universalité dans les espaces de vie, la diversité des sociétés, des modes de vie, des cultures, des arts, des savoirs. On pourrait dire une dimension anthropologique.
­Une dimension écologique, tant l’interdépendance des personnes humaines pour conserver un espace planétaire vivable est un enjeu d’aujourd’hui et de demain.
Et cette définition peut nous conduire naturellement vers la solidarité.

La solidarité, qui n’est pas la charité, car elle ne part pas d’un pathos, d’une manipulation de l’émotion comme on le voit trop souvent, d’un apitoiement recherché où l’on distingue si bien la main qui donne de celle qui reçoit.

Mais la solidarité, au contraire, qui part de l’échange, de l’agir concret commun, de l’apport mutuel même du plus pauvre et du plus désespéré, de la re‐connaissance de « l’Autre comme un autre Soi‐même » pour reprendre l’idée du philosophe Paul Ricoeur, amenant ainsi l’envie de faire sa connaissance, de découvrir ses conditions d’existence, sa culture, son histoire.

C’est ainsi que notre démarche solidaire nous ramène tout aussi naturellement vers la culture, telle que la définit Eluard.

Un constat et une perspective

Le constat, nous le faisons, avec lucidité, c’est que pour l’heure une hégémonie culturelle de l’individualisme et du chacun pour soi a gagné une bataille et tient une bonne part du terrain. Cette hégémonie culturelle individualiste s’est étendue même dans des sociétés dont la tradition de solidarité est fortement ancrée, et pour une part aussi dans la culture des pauvres, ce qui peut conduire parfois à des recherches d’improbables solutions individuelles ou à des désespérances.

Cependant, et heureusement, la culture solidaire conserve des positions encore fortes, même si insuffisantes, dans des collectivités humaines (associations, syndicats, mouvements) et/ou institutionnelles (locales le plus souvent).

En revanche, le capitalisme financier mondialisé entretient et cultive le chacun pour soi qui le sert, martelant le dogme de la compétitivité, cette croyance fanatique que pour vivre heureux on doit nécessairement marcher sur le ventre des autres.

La perspective et pourquoi pas l’objectif est de parvenir à une hégémonie culturelle de la solidarité et du progrès...

C’est possible. Une bataille, ce n’est pas la guerre qui reste gagnable. Utopie ? Peut être, mais « L’utopie n’est pas l’irréalisable, c’est l’irréalisé » , répond Théodore Monod.
Pour aller dans cette voie il y a déjà les positions fortes précédemment évoquées et bien d’autres forces qui existent dans le monde et peuvent se trouver et s’unir.
Mais déjà ,nous, ce que nous voulons c’est prendre notre part, « la part du colibri ».

Une légende amérindienne rapportée par Pierre Rabhi :
Un jour, dit cette légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul le petit colibri s’active, allant chercher quelques gouttes d’eau dans son bec pour les jeter sur le feu. Au bout d’un moment, le tatou, agacé par ces agissements dérisoires, lui dit : « Colibri ! tu es fou ? Tu crois que c’est avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ? », « je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part ».

Sur la question des forces nouvelles à trouver et à faire croître, je rejoins aussi Pierre Rabhi, qui souligne la nécessité « d’éduquer les enfants sans la compétitivité qui les angoisse, mais sur la solidarité qui les renforce, les apaise, les reconnecte concrètement à la nature », et de mon point de vue c’est cela qui permet d’ouvrir leur esprit à la beauté, la créativité, la générosité et la compréhension des autres.

Et l’ambition du progrès ?

Au point où notre monde est rendu, le progrès ne peut‐il se définir simplement comme la possibilité pour chaque être humain de se nourrir, se vêtir, s’abriter, se soigner , développer ses possibilités physiques et intellectuelles et vivre en paix ? Les ressources naturelles de la planète, les acquis technologiques, les richesses économiques et financières mondiales sont suffisants pour cela. Alors ? Pourquoi ça coince ?

Une posture, une pratique, la Parrhésia.

La Parrhésia (le franc‐parler en grec ancien), c’estla parole du courage, de la révolte et de la vérité.

En fonction de ce que nous avons dit précédemment, on ne peut rester dans un angélisme béat. Il existe des conditions éthiques au fonctionnement démocratique. Le courage de dire vrai est nécessaire au bon fonctionnement de la démocratie et si dans la Parrhésia la parole de vérité comporte, bien entendu, un risque pour celui qui l’énonce, ce risque nous devons le prendre, et nous l’affichons dans le choix même de l’objet de notre association défini par son sigle P.A.R.R.H.E.S.I.A.

P.A.R.R.H.E.S.I.A  : Promouvoir les Alternatives, les Résistances, les Rencontres Humaines , l’Échange , la Solidarité Internationale, l’Amitié.

Notre projet, Bolomoy ! En Avant !, porte une visée éthique, qui s’entend au sens qu’en donne Paul Ricoeur de « la vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes ».
Cela nous permet de poser les 3 piliers fondamentaux de notre action : Solidarité, culture, écologie.

Un nom : Bolomoÿ !

En dogon donno so Bolomoye ! signifie : « En avant ! , Allons‐y ! Ensemble »

Alain Simoncini. août 2013/ avril 2015